Convoqué le 4 octobre devant la Cour de répression des infractions économiques et terroristes (Criet), qui a renvoyé l’audience au 18 octobre, l’opposant politique et homme d’affaires béninois Sébastien Ajavon sera de nouveau jugé dans une affaire de trafic de drogue pour laquelle il avait été relaxé il y a deux ans.
Absent le 4 octobre devant la Cour de répression des infractions économiques et terroristes (Criet), récemment créée, Sébastien Ajavon a été représenté par dix avocats, qui ont dénoncé des « violations flagrantes » de ses droits.
Le prévenu avait été convoqué moins d’une semaine avant l’audience « pour [une] affaire le concernant », sans que ne lui soit notifié dans la convocation s’il devait comparaître en tant que témoin ou inculpé.
Ses avocats ont découvert en arrivant le 4 octobre à la Cour que leur client et trois autres prévenus étaient accusés de « trafic de drogue international à haut risque », infraction punie de dix à vingt ans de prison, selon une récente loi béninoise.
« Comment peut-on convoquer les mêmes gens pour les mêmes faits lorsqu’ils ont déjà été jugés et relaxés ? », s’est insurgé devant la presse Me Marc Bensimhon, du barreau de Paris, à la fin de l’audience de renvoi. « Je ne peux imaginer que la justice béninoise soit aux ordres du politique. »
En octobre 2016, Sébastien Ajavon, qui a fait fortune dans l’agroalimentaire, avait été arrêté après la découverte d’environ 18 kg de cocaïne pure d’une valeur estimée à 9 milliards de francs CFA (environ 14 millions d’euros) dans un conteneur destiné à l’une de ses sociétés. Il avait été relaxé quelques mois plus tard faute de preuve et « au bénéfice du doute ».
La défense d’Ajavon estime que cette relaxe est définitive, n’ayant fait l’objet d’aucune procédure en appel. Or la Criet, qui a démarré ses activités fin août, est une juridiction séparée, qui est compétente pour juger en premier et dernier ressort les flagrants délits liés au terrorisme, à la criminalité économique et au trafic de drogue.
Après 20 minutes de vifs débats entre le parquet et les avocats, le président de la Cour a décidé de renvoyer l’audience au 18 octobre, demandant aux prévenus de « comparaître personnellement » et estimant qu’ils ne pouvaient se faire représenter par leurs avocats en leur absence.
Candidat à la présidentielle de 2016, Sébastien Ajavon était arrivé troisième avec près de 23% des voix, avant de soutenir un autre homme d’affaires, Patrice Talon, qu’il a contribué à faire élire au second tour face à Lionel Zinsou.
Mais les relations entre les deux hommes se sont vite dégradées après la présidentielle, Sébastien Ajavon ayant été visé par la justice dans plusieurs affaires.
Jeune afrique.fr