Par Serikpa Djeckou De Sylva-Afriquematin.net
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A la question de savoir si la Cemac et l’Uemoa doivent mettre fin au FCFA dans les colonies ? Un débat engagé depuis peu dans les grandes capitales par des économistes, des politiques, des banquiers, la société civile et même des personnes anonymes, il faut désormais compter avec les hommes de Dieu.
C’est une lettre de deux pages que Jules Pascal Coly, Prêtre Sénégalais a adressé au Président Alassane Ouattara. Un courrier dans lequel l’homme de Dieu « enseigne » l’ancien vice-gouverneur, ancien-gouverneur de la BCEAO, ancien Directeur Général du FMI pour l’Afrique, ancien Conseiller économique de 120 pays à travers le monde. « Nous sommes une fois de plus dans l’obligation de vous enseigner sur les fondements d’une monnaie et l’histoire du FCFA. Au plan juridique », peut-on lire dans le troisième paragraphe de cette lettre. Et l’homme de Dieu poursuit son cours juridique : « la propriété « est » le droit de jouir et disposer des choses de la manière la plus absolue » (article 544 du Code civil français) cite-t-il avant d’affirmer : « Permettez-nous de vous informer que le FCFA ne nous appartient pas », a insisté le Prêtre Jules Pascal Coly.
Selon l’homme de Dieu, un brevet avait été déposé par la France sur le FCFA. La France est donc propriétaire du FCFA et principale bailleur : « La France nous loue le FCFA. Tout simplement parce que battre une monnaie, relève purement de la volonté du peuple ou bien de ses représentants », nous révèle-t-il avant de définir les étapes de la création d’une monnaie par un peuple. « Il existe trois classes de citoyens qui interviennent dans la création d’une monnaie, ce sont : Les experts qui mettent leur expertise au service du politique pour l’intérêt du peuple, pour démontrer les avantages et les inconvénients d’avoir une monnaie propre au peuple ». Le politique selon lui à son tour, étudie le contexte géopolitique national et international, les capacités du peuple à assurer la survie d’une monnaie souveraine. « Le peuple en dernier ressort, par référendum ou par ses représentants, décide si oui ou non il veut sa monnaie », précise-t-il.
Le Prêtre Jules Pascal Coly ne s’arrête pas là. Dans ce courrier, il dit avoir parcouru les constitutions des pays africains et ne voit nulle part là où est mentionné le FCFA. « Nous avons parcouru toutes les constitutions des pays africains du FCFA, il n’existe dans aucune constitution, ni dans aucun journal officiel, un seul article ni un seul décret qui reconnaisse le Franc CFA comme étant la monnaie du peuple africain », regrette-t-il. Citant Thomas Jefferson, le 3ème président des États-Unis, il écrit : « Une banque centrale privée qui émet la monnaie publique du peuple est une menace plus grave pour sa liberté qu’une armée dressée ».
Mais pourquoi l’homme de Dieu a-t-il décidé « d’enseigner » l’ancien vice-gouverneur, ancien-gouverneur de la BCEAO, ancien Directeur Général du FMI pour l’Afrique, ancien Conseiller économique de 120 pays à travers le monde ? « Lors de votre intervention sur les médias, vous avez affirmé que le Franc CFA est une monnaie africaine depuis 1960, c’est une propriété des Africains. Que le débat sur le FCFA est un faux débat », révele l’homme de Dieu. Et il répond au Président Alassane Ouattara. « Les textes économiques sur lesquels vous vous basez pour défendre le Franc CFA ont été tous élaborés par la France. Et jusqu’aujourd’hui la BCEAO, la BEAC, la BCC sont les seules Banques Centrales au Monde qui n’ont pas le droit de garder leur or en leur sein faisant ainsi de la France la 5 ème réserve d’or au Monde derrière l’Italie » a-t-il conclu avant d’inviter le Président Alassane Ouattara, à une bonne lecture.
Comme on le constate, en attendant que l’Eco, la future monnaie ne fasse écho dans les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédeao), retenons qu’après l’activiste Béninois Kémi Séba, c’est au tour de Jules Pascal Coly, Prêtre Sénégalais, de souligner que depuis sa création, le FCFA n’a guère favorisé la croissance ni les échanges entre les pays de la zone, pendant que les partisans mettent en avant la stabilité de cette monnaie. Choc des arguments.