Par Yann Dominique N’guessan/afriquematin.net avec UPL-CI
Quatre ans après la période de normalisation censée remettre de l’ordre dans la maison vert et rouge, l’équipe de l’Africa Sports d’Abidjan n’a jamais semblé aussi divisée, affaiblie et décrédibilisée.
Elu dans un climat déjà tendu à la tête de l’équipe de l’Africa sport, Kuyo Téa Narcisse incarne désormais pour beaucoup de supporters la dérive d’un projet qui promettait la réconciliation, mais qui a débouché sur la fracture et la défiance.
En 2021, la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) avait instauré un régime de normalisation pour sortir l’Africa Sports de ses querelles intestines et de son chaos administratif. L’objectif était de restructurer, assainir et redonner espoir à un club mythique du football ivoirien, mais quatre ans plus tard, le constat est accablant.
Le club est toujours empêtré dans ses divisions, miné par une gouvernance contestée, des décisions arbitraires et une perte de crédibilité sans précédent. Les promesses de réforme et d’unité se sont muées en luttes d’influence et en règlements de comptes internes.
L’ombre de Maître Zébé, figure influente du Comité de normalisation de la FIF à l’époque, plane encore sur cette crise. Présenté initialement comme le garant juridique du comité censé ramener l’équipe à la normalisation, il a été bombardé à la surprise de tous, Vice-président dans le bureau de Kuyo Téa Narcisse.
Aujourd’hui, ce dernier est accusé par de nombreux Membres associés d’avoir tiré les ficelles pour ce dernier et d’avoir verrouillé le système au profit d’un cercle restreint. La validation de processus électoraux non inclusifs, la complaisance envers un noyau dirigeant intouchable et l’absence de contre-pouvoirs ont nourri un sentiment d’injustice et d’exclusion. Une situation qui, selon plusieurs observateurs, a ouvert la voie à une gouvernance clanique et opaque, contraire à l’esprit sportif et associatif du club.
Après son élection, Kuyo Téa Narcisse promettait l’espoir qui est de « réconcilier la famille vert et rouge » et de faire remonter le club en Ligue 1 dès la première saison, malheureusement, le rêve a viré au cauchemar. Sous sa présidence, l’Africa Sports s’est enfoncé davantage dans l’isolement et la méfiance. Exclusion des voix dissidentes, opacité financière, absence de communication constructive — tout concourt à transformer le club en une structure fermée, gérée à la hussarde. Loin de réconcilier, le président a creusé le fossé entre la direction et les véritables bâtisseurs du club, notamment ses anciens dirigeants, joueurs et supporters historiques.
Le 30 octobre dernier sur une chaine radio ivoirienne Radio Côte d’Ivoire, il a affirmé qu’aucun rapport d’activités n’aurait été produit par le Contrôleur général du club avant son arrivée. Une sortie jugée malheureuse par l’ancien titulaire du poste Jean-Michel Deigna, qui assure avoir transmis plusieurs rapports et recommandations au Bureau exécutif de l’époque. Si ces documents n’ont pas été rendus publics, cela relèverait, selon lui, du manque de transparence des dirigeants d’alors.
Il rappelle également avoir démissionné dans un contexte de gouvernance hostile à tout contrôle indépendant, refusant d’assumer une fonction « vidée de son sens ». À ceux qui doutent, il renvoie Kuyo Téa à son propre bilan résumés d’échecs et de promesses non tenues, avec un club toujours enlisé, sans organe de contrôle crédible ni vision de redressement.
Face à cette dérive, la résistance s’organise et au mois d’octobre 2025, d’anciens dirigeants, cadres et supporters ont lancé la Coalition pour la Sauvegarde de l’Africa sport d’Abidjan, un mouvement citoyen et sportif décidé à « remettre tout à plat ». Leur mot d’ordre était de rétablir la légalité, restaurer la gouvernance et rassembler toutes les énergies autour d’un projet collectif. Cette initiative se veut une bouffée d’oxygène dans un environnement saturé de méfiance, et un appel au sursaut moral pour sauver ce qui peut encore l’être.
En un ou en plusieurs, il faut relever que le club vit un moment critique de son histoire et les erreurs aussi s’accumulent depuis la normalisation, amplifiées par l’arrogance et la fermeture de l’équipe dirigeante actuelle, ont conduit à un point de non-retour. Pour les membres de la Coalition, une seule voie reste possible, le retour à la légalité, à la transparence et à la collégialité.
Jadis fierté nationale et symbole de passion populaire, le club doyen mérite mieux que des luttes d’égo et des règlements de comptes. L’histoire retiendra que, sous la présidence de Kuyo Téa Narcisse, l’Africa Sports d’Abidjan a cessé d’être un club de football pour devenir un champ de bataille politique et personnel.

