Par Cécile D. Gnonsian – Afrique Matin.Net
« Je suis Ivoirien par le droit du sol », déclaration de Fabrice Sawegnon certainement pour s’affranchir de toute déconvenue juridique dans son ambition de participer aux prochaines élections municipales en Côte d’Ivoire. L’homme d’affaires qui envisage avec détermination d’entrer en politique, a trouvé nécessaire de clarifier sa situation identitaire devant la presse. Bien inspiré ou pas, une petite enquête relative à cette déclaration du patron du Groupe VOODOO nous permet d’être définitivement situés sur « l’affaire ».
C’est une phrase prononcée par le concerné lui-même qui nous a mis la puce à l’oreille. Dans un one man show à l’hôtel Ivoire, le dimanche dernier, Fabrice Sawegnon, le patron de Voodoo et protégé d’Alassane Ouattara, a déclaré qu’il avait bel et bien des parents béninois, mais qu’il avait obtenu la nationalité ivoirienne par le droit de sol. Nous avons mené notre investigation qui nous a conduit au Journal officiel, aux Grandes archives et dans les livres de l’état-civil d’Abidjan et nou
s avons découvert que l’homme qui veut chasser Noël Akossi Bendjo, de la mairie du Plateau n’a pas dit la vérité sur comment il a obtenu ses papiers ivoiriens. Voici toutes les preuves d’une grosse usurpation.
Les journaux qui ont rendu compte de la cérémonie ont tous été unanimes sur les propos de l’homme de 46 ans qui pèse des milliards depuis qu’il rafle les marchés institutionnels importants du pays, sans grand effort. Selon les comptes-rendus, appuyés par des vidéos qui ont été relayés sur les réseaux sociaux, Fabrice Sawegnon a affirmé être « né de parents béninois mais sur le sol ivoirien. Le droit de sol a été abrogé après ma naissance. Je suis donc Ivoirien par le droit de sol ». Le deuxième homme d’affaires le plus puissant, après Adama Bictogo, depuis l’avènement du pouvoir RDR, est effectivement né le 18 janvier 1972 à Abidjan, comme l’indique le fac-similé numéro 3, de parents béninois.
Mais les propos de Fabrice Sawegnon le confondent lui-même puisqu’il n’a jamais existé en Côte d’Ivoire de droit de sol, Nous avons retrouvé dans les archives du Journal officiel, le code de la nationalité (voir fac-similé 1) voté sous Houphouët-Boigny, le 14 décembre 1961. Et ce code dit dans son article 6 relatif à l’attribution de la nationalité ivoirienne, à titre de nationalité d’origine ceci : « Est Ivoirien, tout individu né en Côte d’Ivoire, sauf si ses deux parents sont étrangers ». C’est ce code, qui selon Fabrice a été abrogé après sa naissance. Ce code a effectivement été abrogé en décembre 1972, c’est la seule information vraie dans toutes ses allégations (voir fac similé 2).
Mais le code abrégé ne donnait pas de facto la nationalité ivoirienne à tous les enfants nés en Côte d’Ivoire, avant 1972, date à laquelle une fronde nationaliste conduite par les Pépé Paul a obligé Houphouët-Boigny à corser le droit du sang, qui existait déjà et qui existe depuis toujours.
Au vu de tous ces documents, il apparaît très nettement que Fabrice Sawegnon est certes Ivoirien, mais il lui reste à nous démontrer comment il est devenu Ivoirien, puisque le code de la nationalité abrogé en 1972 sur lequel il s’appuie n’a jamais offert le droit de sol aux enfants nés de parents étrangers. Fabrice n’a pas dit qu’il a été naturalisé ou qu’il a bénéficié de la nationalité par mariage, il dit qu’il a obtenu par la naissance, or il n’existait pas de loi en janvier 1972 qui puisse lui donner le droit d’être Ivoirien par le sol. Si Adama Dahico a publié son décret de naturalisation n° 2004-465 du 07 septembre 2004, avant de se porter candidat en 2010. Pour la transparence, Fabrice Sawegnon doit dire aux Ivoiriens, par quelle alchimie juridique, il est devenu Ivoirien, sans passer par une demande de naturalisation, alors qu’il est né de parents tous les deux étrangers.