Par André Silver Konan
Première leçon. Rien de tout cela ne serait arrivé si le parlementaire n’avait pas voulu doubler les autres voitures qui attendaient dans l’embouteillage. L’argument selon lequel il se rendait au chevet d’un malade ne justifie pas son empressement à doubler tout le monde parce ce qu’il n’est pas médecin, encore moins ambulancier. Soit le patient était déjà en clinique et cette impatience de sa part ne se justifiait pas, soit le patient l’attendait pour être conduit à l’hôpital et cela me parait invraisemblable, puisque dans une telle situation, c’est le Samu que tout représentant du peuple qu’il est, aurait dû appeler. A mon avis donc, l’argument du patient me parait bien mince.
Deuxième leçon. Jusque-là, personne n’a pu répondre avec exactitude à la question de fond : « le député a-t-il vraiment giflé la policière » ? Je rappelle qu’au début de cette affaire, des informations ont circulé faisant croire que le mis en cause serait le député Privat Oula. Personne n’a entendu la policière, aucune vidéo (en tout cas à ma connaissance) ne prouve les allégations de gifle et le député nie avoir giflé, même s’il admet une altercation. Personnellement, quand j’ai vu les informations sur cette gifle présumée, je me suis tout de suite méfié. C’est une déformation professionnelle. Tant que je n’ai pas pu vérifier un fait, je préfère ne pas le relayer. Et cette vraie ou fausse rumeur aurait été vérifiée le premier jour, si tous ceux qui se jettent sur la première rumeur et la partagent, avaient été un peu plus exigeants envers les premières sources qui donnaient l’information. Je répète donc, « le député a-t-il oui ou non giflé la policière » ? Il est difficile de répondre avec exactitude parce que les allégations d’un Procureur tant qu’elles ne sont pas confirmées par un jugement, ne sauraient être vérité d’évangile.
Troisième leçon. S’il l’a giflée, alors la procédure de flagrant délit devrait être enclenchée tout de suite après les faits. Pourquoi celle-ci n’a été enclenchée que 48 heures après ? Question : « sommes-nous dans ce cas, dans un cas de flagrant délit »? Si oui, je serais favorable à une interpellation du député. Si non, le parquet est en faute et le bureau de l’Assemblée nationale qui a dénoncé l’irrégularité de la procédure serait dans son droit.
En définitive et dernière leçon, « que retenir de la libération du député, après suspension des poursuites du parquet « ? Rien, sinon qu’une boutade révoltée : « tout ça pour ça »!
En fait, dans ce pays, nous aimons les petits arrangements avec les textes et la vérité. Cette bien sombre affaire va finir, dans le flou, comme elle a commencé et on n’en retiendra rien. Comme de nombreuses autres affaires passées, présentes et à venir. Dans ces conditions, comment pouvoir tirer des leçons et des enseignements de certaines situations ? Bienvenue au pays des contrevérités !