Par Pascal Fobah Eblin*
Localité proche de la frontière du Ghana, Aboisso est en proie à des difficultés d’ordre socioéconomique et infrastructurel. Un fils de la région interpelle le Président de la République sur la non-exécution du programme gouvernemental de réfection de la voirie dans cette commune.
Monsieur le Président de la République,
Aboisso est une belle commune de la région du Sud-Comoé traversée du nord au sud par le fleuve Bia et un point de transit pour tous les camions de marchandises en provenance du Ghana ou en partance pour ce pays limitrophe. Mais la voirie de cette commune est dans un piteux état qui nuit à la fluidité routière et abîme les véhicules.
Le matériau composite de la couche bitumineuse et le liant hydraulique de nombre de voies de la commune vieilles de près de 40 ans et plus ont cédé sous le poids des années et sous l’action de la pluie et des eaux de ruissellement pour disparaître totalement en certains endroits, ne laissant la place qu’à la couche de terre, elle aussi, fortement dégradée.
Pour soulager les populations, il a été décidé de traiter les routes les plus impactées. Ainsi, à la faveur du programme gouvernemental d’entretien routier qui couvrait en 2020 une trentaine de villes dont les localités de Grand-Bassam, Bonoua, Adiaké, Tiapoum, Maféré et Aboisso, toutes issues de la région du Sud-Comoé, 7241 kilomètres de la voirie urbaine ont été retenus comme devant faire l’objet de réfection.
Le 13 mars 2019, ces 7241 kilomètres retenus pour ce bitumage exceptionnel ont fait l’objet, dans les locaux de la préfecture d’Aboisso, d’un accord matérialisé par un acte administratif soumis aux autorités compétentes. Ont apposé leur signature sur le document de synthèse, le préfet de région, préfet du département d’Aboisso, le représentant du Conseil général du Sud-Comoé, le représentant de la mairie d’Aboisso et le représentant du ministère de l’équipement et de l’aménagement routier. Les populations d’Aboisso étaient dans la joie lorsque la nouvelle leur a été portée par les canaux appropriés. Elles voyaient, par la signature de cet acte administratif, leur calvaire enfin prendre fin. Malheureusement, ce ne fut pas le cas.
Alors qu’à la faveur des publications sur les réseaux sociaux et des reportages de la radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) et de l’agence ivoirienne de presse (AIP), elles étaient informées de l’achèvement des travaux de réfection dans les communes sœurs du Sud-Comoé, les populations d’Aboisso désespéraient quant au manque d’entrain observé dans la réalisation des travaux d’entretien routier dans leur commune.
Monsieur le Président de la République, les populations d’Aboisso ressentent cela comme une profonde injustice. Grand-Bassam a eu ses kilomètres de bitume. Bonoua a eu ses kilomètres de bitume. Maféré a eu ses kilomètres de bitume. Tiapoum et Adiaké ont eu leurs kilomètres de bitume. Aboisso semble, malheureusement, ignorée par les services de l’Etat et les populations ne comprennent pas ce qui se passe et ce traitement de faveur si particulier réservé à leur commune.
Monsieur le Président de la République, ce traitement de faveur si particulier auquel est soumise la commune d’Aboisso s’apparente, ni plus ni moins, à un sabotage, par des mains obscures, de vos initiatives de développement en faveur des populations locales afin d’en tirer profit elles-mêmes. C’est ce que pensent profondément une bonne partie des populations.
Si cela était avéré, ces actes égoïstes, regrettables et à courte vue devraient être condamnés de la manière la plus vigoureuse. En effet, il est inadmissible que des individus, pour entretenir leur image à eux, nuisent aux politiques publiques en faveur des populations et d’autant à l’image du Président de la République que vous êtes et au gouvernement qui a validé ces travaux de réfection de grande utilité publique.
La non-exécution des travaux d’entretien routier dans la commune d’Aboisso, travaux pourtant budgétisés, mérite un regard diligent pour situer les responsabilités, en connaître les motivations et en tirer toutes les conséquences. C’est la justice que réclament les populations d’Aboisso et, elles comptent sur votre sollicitude avisée.
Les populations d’Aboisso trouvent totalement injuste que les travaux dans leur commune, pourtant chef-lieu du Sud-Comoé, n’aient jamais connu ne serait-ce qu’un début d’exécution alors qu’ils sont achevés dans les autres communes de la même région inscrites comme Aboisso au titre du même exercice budgétaire et du même programme gouvernemental.
Monsieur le Président de la République, les populations d’Aboisso vous sont reconnaissantes pour le nouveau centre hospitalier régional qui a été construit pour améliorer leur prise en charge médicale. Elles vous sont aussi reconnaissantes pour la réfection du stade municipal. Mais, elles restent en attente de leur « goudron » promis et ne doutent pas que leur cri trouvera auprès de vous une oreille attentive et ma lettre ouverte, un regard bienveillant.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, à l’expression de mes respectueuses considérations.
* Professeur Titulaire à l’Université Alassane Ouattara, Secrétaire général du mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » et natif d’Aboisso
N.B: Le titre est de la Rédaction