Par Célikpa De Sylva Djeckou – Afrique Matin.Net
Les opérations de libération des trottoirs ont repris à Yopougon, l’une des communes les plus peuplées de la ville d’Abidjan. Et c’est l’Office national de l’assainissement et du drainage (Onad), structure sous tutelle du ministère de la Salubrité urbaine qui a lancé depuis mardi, cette opération. Une opération
dite de libération des « emprises des réseaux de drainage des voies ». Il s’agit de la destruction des constructions bâties sur les caniveaux et celles situées, à 2m7 des caniveaux ou voies de drainage des eaux. Lors de notre passage, ce jeudi 28 juillet à Yopougon, c’est la voie menant de la mairie de Selmer au collège Williams Ponty qui « gémis » sous la colère des bulldozers engagés à cet effet.
Dans ce brouhaha ou pleurs et cris de détresse se mêlent au vrombissement des engins, les pans de bâtiments et autres constructions en divers matériaux, aux murailles dont pour certains, la peinture est encore fraiche, quant pour d’autres, elle ploie sous l’âge, s’effritent les uns après les autres.
Les populations véritablement sur le choc, n’arrivent pas à comprendre ce qui leur arrive. Hommes, femmes, jeunes et enfants, les visages tristes, s’attellent à épargner de ces décombres, quelques effets de valeurs. Fauteuils et effets vestimentaires éparpillés, ustensiles de cuisines, matériel de bureau et autres objets sont transportés sous le regard des éléments venus de la préfecture de police d’Abidjan.
Dame O. D. (pour garder l’anonymat), assise dans le salon de sa maison que lui a léguée son defunt mari, la soixantaine environ, mère de 6 enfants est triste comme un bonnet de nuit. Au milieu des objets dont elle a à peine la force de ranger, le visage grave et le regard dubitatif, elle nous lance dans un cri de désespoir: » Dieu qu’avons fait? ». Selon elle, c’est la Société de Gestion Financière de l’Habitat (Sogefia), structure étatique dissoute qui leur a vendu la maison acquise après de durs et sacrifices.
Et de poursuivre: « Et pourtant, chaque année nous payions 300 milles francs à la mairie pour l’Occupation du Domaine Publique (Odp). Cela pendant plusieurs années. Cela fait deux mois le trésor m’a fait parvenir un avis de rachat de cet espace. Et si….. ». Alors qu’elle n’avait pas encore terminé que son fils O.G. renchérit: « Je me demande quelle est la politique sociale du gouvernement Alassane Ouattara? On ne prévient pas; on casse; aucune mesure d’accompagnement n’est proposée et on ignore tous ce jeunes diplômés sans emplois que nous sommes. La mairie de Yopougon notre interlocutrice en ces moments difficiles ne dit rien », regret-il.
Quand nous nous rendons au service technique de la mairie de Yopougon, pour en savoir davantage sur les mobiles de cette opération, silence radio. Une seule précision. »Prenez contact avec l’Onad, ils sont au Vallon Les Deux Plateaux », nous oriente un agent. Pour l’Onad, « la problématique est majeure pour le gouvernement et les citoyens, car il est inacceptable d’avoir un cadre de vie malsain », nous a déclaré le responsable technique.
Pendant que les autorités gouvernementales se préoccupent de la libération de trottoirs véritables sites des entreprises familiales, le nombre de chômeurs ne fait que grimper de jour en jour. Et c’est l’Agence d’études et de promotion de l’emploi (Agepe), un établissement public chargé de l’emploi en Côte d’Ivoire qui le dit dans son dernier rapport.
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