A La Haye, le procès de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé s’est poursuivi mardi 10 mai. Lors de cette session à huis clos, le témoin anonyme P441 est revenu sur l’attaque de la mosquée Lem, dans le quartier de Yopougon lors de la crise post-électorale de 2011. A l’époque, certains pro-Gbagbo soupçonnent ce lieu saint d’abriter des armes.
Après une matinée d’audience à huis clos, la séance publique a repris en début d’après-midi. La parole est donnée à l’accusation.
C’est un témoin hésitant et approximatif qui a répondu aux questions de l’accusation.
« Est-ce que vous êtes en mesure de vous rappeler la date à laquelle monsieur Gbagbo a été arrêté ? », demande le substitut du procureur au témoin P441.
« Je sais que c’était le 11, mais je ne sais pas de quel mois », répond le témoin. Laurent Gbagbo, impassible depuis le début de l’audience, esquisse un sourire discret. Les questions du procureur continuent, les réponses approximatives du témoin aussi.
Eric MacDonald poursuit son interrogatoire sur un milicien pro-Gbagbo, Maguy le Tocard, présent le jour de l’attaque de la mosquée de Lem : « Pourriez-vous le reconnaître si on vous montrait une photo ? » « Non, j’ai des problème à reconnaître les hommes en uniforme », s’excuse encore le témoin.
Vient ensuite le tour de la défense de l’ancien président ivoirien. Celle-ci met le témoin face à ses contradictions, notamment en évoquant ses déclarations faites aux enquêteurs de la CPI.
« Non je n’ai pas dit cela ! »
« Dans ce rapport, vous dites qu’il y a eu des coups de feu autour de la mosquée le jour de l’attaque. (…) Que la police a participé à la lapidation des personnes qui se trouvaient aux alentours », argue l’avocat de Laurent Gbagbo. Le témoin conteste fermement : « Non je n’ai pas dit cela ! »
Déconcerté, Eric Mac Donald fait alors objection. Le substitut du procureur se demande si l’avocat de la défense a bien entre les mains les déclarations du témoin P441 ou s’il s’agit de déclarations d’un autre témoin. Après un huis clos pour élucider la question, la réponse est sans appel : l’avocat de la défense a le bon rapport entre les mains, il s’agit bien des déclarations du témoin P114.
RFI