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CHER AINE…
Ainsi donc c’est ce 11 Avril 2016 que le batelier des ultimes croisières a accosté au ponton de ta dernière conscience de vie épuisée par la maladie et les épreuves sans fin…
Cher ainé, te connaissant, tu n’as certainement pas pu te retenir de lui demander si cette date du 11 Avril n’était pas lourde de quelque chose, en liaison avec le 11 Avril 2011 par exemple ?
Mais nous devinons la suite : ce batelier-là, ne répond pas, ne parle jamais. Oui, il se contente d’exécuter, prendre et emporter, mais ne parle pas ; et l’on n’a jamais vu son regard…
Mais, CHER AINE, ceux qui te connaissent, ont eu à te côtoyer, et te suivent, à la trace même, depuis la fin des années 1950 à Adjamé , et qui ont tout suivi de ton parcours, depuis les décennies de gloire et de douleur, sous ce Houphouët qui avais eu l’intuition de mettre la communication et surtout sa voie télévisuelle au centre des priorités de sa politique, te forgeant en super héros, mais qu’un environnement à la traine et impitoyable se devait de broyer…
Oui, durant toutes tes années de gloire et de braise, c’est toute cette Côte d’Ivoire qui, au quotidien, avait sa relation avec Ben Soumahoro ; si bien que même les jeunes générations de ce jour, inconsciemment, ont une pensée muette et affectueuse pour toi.
Aujourd’hui, et au final, peut-être est-il encore temps d’apporter la grande correction qui s’impose à l’image que tu as su habilement imposer sur plus de quarante ans.
Oui, Cher Ainé, tu n’es pas un journaliste qui s’est emballé pour la chose politique au contact de ses leaders.
Non, tu es un passionné, un intellectuel curieux de tout, nourri au quotidien d’histoire, de géographie, de sociologie, de géopolitique, sans arrêt en train de concevoir des schémas ou projections sur l’évolution des états et de l’humanité, et lecteur boulimique en permanence de deux à trois biographies de grands hommes. En fait , avec tout ce bouillonnement intellectuel , ton éloquence et ta force de persuasion hors norme, en te mettant au service de la cause de tel ou tel leader politique , tu le condamnais rapidement à se mettre à ton école, sans même t’en rendre compte ! Oui tu le circonvenais même, et l’on comprend qu’ils aient tous eu, à moyen terme, le souci de te‘’ contenir’’ pour sauvegarder leur propre espace intellectuel et politique.
Oui, Cher Ainé, tu étais un vrai cerveau politique…
CHER AINE, pour faire très court, retiens que dans le cahier que nous signerons, nous écrirons simplement : « C’est l’un des rares hommes imprégné du courage de se battre pour asséner et défendre ses convictions, et qui aura hérité du charisme des vrais leaders , qui analysent le mieux et le plus vite, et font les propositions les plus audacieuses qui nous quitte.
Mais, surtout, Cher Ainé, tu auras eu l’humilité et le courage de changer de barque et de s’en expliquer publiquement toutes les fois que tu auras eu l’intime conviction d’avoir été abusé ou utilisé contre son pays et son peuple. »
Nous allons prier pour toi, mais surtout pour que le Grand, au Firmament, ‘’forge’’ beaucoup d’autres filles et fils de ce pays comme toi.
C’est un véritable SOS.
Reposes en paix. Nous sommes avec les Tiens
Le président du MFA
KOBENA I ANAK